La grande distribution, adepte des cartes de fidélité, a fait des émules avec la ville de Paris qui propose à ses résidents une carte citoyenne de Paris, accessible aux enfants dès l'âge de 7 ans, afin que tous les parisiens profitent d'une offre civique, culturelle et associative (rencontrer les élus, découvrir le Conseil de Paris, profiter des bibliothèques, etc.).
Dans un courrier papier adressé aux résidents de la capitale, quelques millions, la Maire de la ville, Anne Hidalgo, souligne la dimension citoyenne de ce projet, car il est, écrit-elle, absolument essentiel que les parisiens puissent vivre pleinement leur liberté et leur citoyenneté. Un impératif auquel les enfants de plus de 7 ans n'échapperont pas, puisqu'une carte nominative leur sera envoyé d'office, sauf opposition parentale. La capitale ne tergiverse pas avec la liberté.
Outre la notion de fidélité façon club associée à la citoyenneté, le point le plus étonnant de cette proposition est l'encartage automatique des enfants. Même si les intentions civiques, très clairement précisées par Mme Hidalgo dans la conclusion de sa lettre - rendre la démocratie aux habitants et leur permettre d'être des acteurs directs de la vie de leur ville - sont claires, la méthode et l'expression posent néanmoins quelques questions.
Les citoyens auraient-ils été privés de démocratie sans s'en rendre compte, au point qu'il faille devoir la leur rendre ? Et la création d'une carte citoyenne ne risque-t-elle pas de développer une citoyenneté à deux vitesses, avec et sans carte, largement contraire aux principes fondamentaux d'une République indivisible ? Rappelons qu'aucune partie du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale. Est-ce à dire que la ville de Paris aurait l'intention de transgresser cette indivisibilité en réservant à terme l'exercice de la démocratie aux porteurs de la carte, dès 7 ans, l'age de raison ?
Bizarre, bizarre... Vous avez dit bizarre ? Comme c'est étrange...