Crue du siècle, Paris boira-t-il la tasse ?

La devise de la ville est catégorique, Fluctuat nec mergitur, Paris est battu par les flots mais jamais ne sombre. Avec un blason muni d'une nef équipée et habillée d'argent voguant sur les ondes, il n'y a pas de raison. Pourtant, il y a plus d'un siècle, en 1910, la crue de la Seine atteignait son plus haut niveau (excepté la crue de 1658), 8,62 mètres sur l'échelle hydrométrique du pont d'Austerlitz, causant à Paris moult dommages économiques.

Depuis, la ville s'est progressivement préparée à affronter les flots, jusqu'à la proposition de la Direction de la Prévention et de la Protection (DPP), au printemps dernier, de simuler en compagnie de tous les acteurs concernées (Préfecture de Police, Mairie, RATP,  SNCF, ERDF, etc.), le 29 et 30 septembre 2015, une montée des eaux jusqu'au pic quasi historique de 8,6 mètres. Et d'en tirer les leçons pour l'avenir, la possible vraie crue, l'ultime rendez-vous de la capitale avec le siècle qui verra fondre la banquise et se dérégler le climat.

Dans la salle aux allures de centre de commandement, toutes les directions de la ville s'affairent derrière des ordinateurs, tandis que l'écran central dresse un état des lieux de la situation. A 4,3 mètres, les voies sur berges sont fermées et les péniches ne peuvent plus circuler sur le fleuve. Sur le site internet Vigicrues, qui cartographie l'état hydrologique du pays, la situation est au vert (pas de vigilance particulière requise). Dans la salle, ce n'est pas le cas, le temps est à l'orange (risque de crue génératrice de débordements importants susceptibles d’avoir un impact significatif sur la vie collective et la sécurité des biens et des personnes) et à la coordination administrative des efforts, les eaux sont maintenant à 5,5 mètres et toutes les cellules de crise sont en place, prêtes à faire face au pire du scénario imaginé par le Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC).

Sylvie Mazoyer, directrice de projet de la gestion des risques à la DPP, détaille les dangers qui guettent la ville, "la désorganisation des transports, les pannes de chauffage et d'électricité, les inondations des sous-sols, les problèmes de gestion des eaux usées, des déchets, etc". "C'est une première explique Matthieu Clouzeau, le directeur de la DPP, un exercice totalement nouveau qui va permettre à chacun d'améliorer les processus et les réponses en cas de crue exceptionnelle de la Seine".

Il était temps d'en savoir plus, le XXIe siècle est déjà bien entamé.

 

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