La démocratie est un pouvoir aussi puissant que volatil.
Puissant, lorsqu'il rassemble des millions de signatures de citoyens européens au sein d'un collectif, Stop TTIP, contre les négociations à huis clos menées entre l'Europe et les États-Unis, rebaptisées partenariat transatlantique de commerce et d'investissement ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP).
Volatil, lorsque la Commission européenne refuse d'enregistrer ladite pétition comme une Initiative Citoyenne Européenne (ICE), puisqu'il ne s'agit pas de citoyens souhaitant participer directement à l'élaboration des politiques européennes, en invitant la Commission européenne à présenter une proposition législative.
Que dire d'une institution, la Commission européenne, scrupuleusement respectueuse des textes mais au prix d'une rigidité contradictoire avec ses compétences décrites par l'article 17 du Traité sur l'Union européenne - promouvoir l'intérêt général de l'Union et prendre les initiatives appropriées à cette fin. N'est-ce pas l'intérêt général, celui de la démocratie, que de tenir compte des voix de la société civile ?
Plus de trois millions de citoyens européens se mobilisent pour intervenir dans les négociations d'un important traité commercial et douanier engageant l'Europe, ce n'est pas rien, plutôt la manifestation d'une forme de vitalité démocratique bienvenue. Pourquoi la principale institution européenne, détentrice d'un pouvoir législatif, n'en tiendrait pas compte, au lieu d'opposer à cette légitime pétition une fin de non recevoir ? Sur le fond, il est absurde d'ignorer une action d'une telle ampleur.
Mais l'affaire n'est pas close, la démocratie étant un pouvoir puissant, volatil et difficile à partager, excepté lorsque la société civile veille à s'en servir autant que possible.