Des migrants, des réfugiés, des exilés, des enfants

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) distingue les migrants, partis d'eux-mêmes, des réfugiés, contraints par la guerre ou des persécutions à quitter leur pays. Cependant, le migrant est souvent chassé par la conjoncture, l'obligeant à partir et à devenir un exilé, un réfugié, ce qui n'est pas sans poser quelques interrogations politiques sur la dénomination appropriée.

Malheureusement, ce débat sur le nom à donner aux personnes jetées sur les routes, d'un pays à l'autre, à la recherche d'un nouveau lieu de vie, est en passe d'être tranché par les statistiques de l'Unicef. Les migrants, réfugiés ou exilés en Europe sont de plus en plus des femmes et des enfants : "depuis juin 2015, quand les hommes représentaient 73 % du flux migratoire, on a constaté une nette augmentation du nombre d’enfants et de femmes en mouvement : les enfants accompagnés représentaient 10 % des réfugiés et des migrants en juin 2015, contre plus d’un tiers à présent."

En mer, face à une menace et peu de canots de sauvetage, la légende maritime parle de sauver les femmes et les enfants d'abord. En Europe, le sujet n'a pas l'air de faire consensus auprès des différents membres de la communauté.

Peut-être que l'Europe et la France ne se reconnaissent pas dans cet impératif populaire ? Peut-être est-ce dû aux résultats de l'étude publiée en 2012 par Mikael Elindera et Oscar Erixson, de l'Université d'Uppsala ? A partir de dix-huit naufrages emblématiques, les deux chercheurs prouvèrent que les femmes et les enfants censés être sauvés en priorité n'étaient en réalité guère à la fête.

Mais qui conviendrait-il de sauver si les femmes et les enfants ne le sont pas ? Les femmes et les enfants des migrants ou des réfugiés ?

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