Fin de partie pour l'urgentiste, le débat continue

Dans le contexte du procès, la phrase a toute la force d'un humour noir à la spontanéité féroce : les patients sont ma vie et ils me manquent, déclarait le docteur Bonnemaison, avant d'être condamné à deux ans de prison avec sursis par la cour d'assises du Maine-et-Loire, le 24 octobre 2015, pour avoir attenté à la fin de vie d'une malade, Mme Françoise Iramuno, 86 ans, sous le coup d'un Accident Vasculaire Cérébral (AVC).

Ce procès n'est pas le procès de l'euthanasie. Le coupable n'est pas le principe de mourir dans la dignité, comme le défend l'association du même nom, l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), mais un praticien victime de ses convictions. La question du droit de chacun à disposer de ses derniers moments n'est absolument pas tranchée par cette affaire.

La loi sur la fin de vie, votée à une forte majorité par l'Assemblée nationale le 17 mars 2015 (436 voix pour, 34 contre et 83 abstentions), puis rejetée par le Sénat le 23 juin (196 voix contre et 87 pour), trop de modifications ayant dénaturé l'esprit du texte, puis adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale le 6 octobre 2015, sera à nouveau discutée en séance publique par les sénateurs, dans deux jours, le 29 octobre 2015, leur donnant peut-être l'occasion d'en finir et de proposer de nouveaux droits aux malades et aux personnes en fin de vie.

Ceux-ci pourront-ils disposer d'eux-mêmes légalement ou devront-ils continuer à croiser la route d'urgentiste en roue libre ?

 

 

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