La magie des algorithmes utilisés par l'outil de traduction de Google a frappé cette semaine le vocabulaire russe d'un radical changement, révélait mardi dernier Michael Birnbaum du Washington Post.
En effet, durant une journée, l'amateur qui souhaitait connaître la traduction de la "Fédération russe" découvrait que l'expression écrite en ukrainien signifiait en russe "Mordor", le royaume maléfique du Seigneur des anneaux de l'écrivain J. R. R. Tolkien, dont l'intégrale fut réalisée et mondialement popularisée au cinéma par Peter Jackson.
L'incident technologique toucha également d'autres termes, notamment le nom du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, traduit automatiquement par l'expression petit cheval triste.
Rappelons que les relations entre les deux pays ne sont pas des plus détendues. Le soutien des séparatistes par la Russie n'aide guère à maintenir un climat très amical, ce qui donne à cet incident technologique un évident caractère politique et pose la question des moyens utilisés pour mettre en œuvre ce détournement sémantique. Les équipes de Google ont-elles été infiltrées par un militant de la cause ukrainienne ? Ou ce résultat est-il le reflet de la multiplication sur Internet des commentaires sur la Fédération russe, trop souvent renommée "Mordor" pour que l'algorithme n'en tienne pas finalement compte dans ses résultats, celui-ci effectuant une veille automatique des usages linguistiques ?
Quoiqu'il en soit, il s'agit bien là d'une nouvelle forme de militance qui pourrait devenir un classique dans les conflits entre les nations, s'il s'avérait que les commentaires des internautes bénéficiaient d'un réel crédit répercuté en direct par les outils de la toile.
Mais ceux qui souhaiteraient étudier la logique de cet exemple frappant peuvent toujours se reporter à la traduction française de l'article américain du Washington Post proposée par Google Translate, en espérant que tout se passe bien avant de se faire une opinion plus définitive.