Hier encore, du répit pour les aidants

Hier encore, les espoirs de la 5e journée nationale des aidants étaient intacts. Plus de 8 millions de personnes, qui aident un proche au quotidien, étaient concernées. Et cette journée du 6 octobre, déjà évoquée dans ce journal, leur était dédiée.

C'était une journée de sensibilisation et de soutien à l'aide bénévole apportée à des proches vieillissants ou en perte d'autonomie, une aide dispensée par un entourage, familiale ou non, épaulé par l'Union des Associations des Associations Familiales (UNAF), le Collectif Inter-associatifs des Aidants Familiaux (CIAAF), et d'autres parties prenantes qui œuvrent à faire reconnaître leur action par les pouvoirs publics et le législateur.

Il est difficile néanmoins de mobiliser sur une figure de style à la façon d'une paronomase ou d'un polyptote. Ce sont des mots aux définitions peu familières sans dictionnaire ni explication. Un aidant aidé n'aide pas vraiment à comprendre le pourquoi de la mobilisation, comme le souligne l'enquête OpinionWay, commanditée par l'Association pour la Journée Nationale des Aidants : être aidant est un terme flou pour une majorité de français. Et Aider est un rôle perçu comme une évidence. Associés, les deux termes égarent les meilleures volontés.

Il y a bien des guides, comme le guide des aidants du Ministère de la Santé et des Solidarités, mis à disposition par Age Village, ou celui à destination des entreprises, publié par l'Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE) et l'UNAF. Il n'empêche que, malgré ces efforts, les besoins d'une population anonyme qui assume par solidarité naturelle plusieurs responsabilités, familiales, professionnelles, personnelles, en décidant de venir en aide à un proche, ne sont pas aujourd'hui clairement évalués.

Le vieillissement de la population et l'accroissement de l'espérance de vie ont pourtant multiplié les situations personnelles impliquant des aidants qui le sont progressivement devenus, sans même s'en apercevoir. Une lourde charge au bout du compte. Et un véritable enjeu de société auquel tentera de répondre, le mercredi 28 et jeudi 29 octobre 2015, le projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, examiné en deuxième lecture par les sénateurs.

Mme Laurence Rossignol, Secrétaire d’État chargée de la Famille, de l’Enfance, des Personnes âgées, et de l’Autonomie auprès de la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, l'a promis hier à la tribune de clôture de la journée des aidants, la loi sera votée fin 2015 et les décrets d'application publiés pour le mois de janvier 2016. Ce n'est qu'une question de temps.

Mais si l'on en croit le chiffre alarmiste de France Alzheimer et maladies apparentées qui annonce la statistique de 30 % des aidants décédés avant leur proche aidé, ne tardons pas trop à donner du répit aux aidants.

30 %, plus de 8 millions de personnes concernées, il y aurait bien urgence à assumer cette responsabilité sociétale et politique.

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