La folle stigmatisation des abstentionnistes en France

Vendredi 4 décembre, le Conseil de l’Europe, qui dort à Strasbourg, aurait exprimé son inquiétude par le biais de l’entourage du commissaire aux droits de l’homme, le Letton Nils Muižnieks. Il s’agit là d’un moyen informel mais habituel de faire parvenir des commentaires embarrassants à un État-membre du Conseil.

Ainsi, à en croire de jeunes juristes de l’institution, il règnerait un climat délétère en France dont les abstentionnistes seraient les victimes. Depuis plusieurs semaines, il n’est pas un jour sans qu’un journal écrit ou parlé, en ou hors ligne, ne s’en prenne à ceux qui choisiront de ne pas aller voter ce dimanche pour le premier tour des élections régionales. Or l’erreur serait de considérer systématiquement l’abstention comme un choix.

Des études canadiennes ont montré qu’un grand nombre d’individus souffrent de diverses phobies qui rendent impossibles l’accomplissement de son devoir de citoyen, en particulier la peur panique des microbes et plus étonnant celle de l’isoloir. À cela s’ajoute une épidémie qui devrait être bientôt reconnue par l’OMS, et qui touche l’ensemble des pays occidentaux, la procrastination. Elle interdirait à de nombreuses personnes de faire un choix dans le temps relativement court de la campagne.

Mais la phobie de l’isoloir serait l’obstacle majeur des années à venir. Elle serait liée à l’odeur de collectivité des bureaux de vote, à la mine hostile des assesseurs et à l’aspect grotesquement vaginal de l’urne. Une expérience suisse, mise en avant par l’entourage de monsieur Muižnieks, semble prometteuse. Des psychologues sont parvenus à réduire et parfois à vaincre la phobie en encourageant les malades à faire l’amour chez eux derrière un petit rideau similaire à celui des isoloirs.

Malgré des résultats encourageants, on semble tout ignorer de cette expérience place Beauvau. Alors que l’épidémie d’abstention atteint jusqu’aux cimetières corses, il serait peut-être temps que l’on s’attaque aux causes réelles du problème.

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