La France entre les chiens et les réfugiés

Le calendrier tient en laisse les événements comme des toutous assis à une date fixée une fois pour toutes. De fin septembre à début novembre 2015, alors que l'image de l'enfant, Aylan Kurdi, mort sur une plage turque, a sidéré l'Europe le 3 septembre dernier, reposant la question jusqu'alors enterrée de l'accueil réservé aux réfugiés syriens, la fondation Brigitte Bardot vient de lancer une campagne de communication en faveur de l'adoption : N'achetez pas... Adoptez ! Sur des centaines de quais de métro et des milliers de flancs de bus, des affiches engagent les spectateurs à lutter contre la maltraitance des animaux en leur offrant le plus beau des cadeaux : une famille.

Le 7 septembre 2015, François Hollande, rappelant les principes constitutionnels, c'est le devoir de la France, où le droit d'asile fait partie intégrante de son âme, déclarait que : la commission européenne va proposer de répartir 120.000 réfugiés dans les deux prochaines années, ce qui représentera pour la France 24.000 personnes. Nous le ferons.

Nous le ferons si nous souhaitons garder vivante l'âme du droit d'asile français qui remonte à l'article 120 de la Constitution révolutionnaire du 27 juin 1793 - le Peuple français donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. - Il le refuse aux tyrans -, repris dans l'alinéa 4 du préambule de la Constitution de 1946 et de la Constitution du 4 octobre 1958 (article 53-1) : les autorités de la République ont toujours le droit de donner asile à tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté ou qui sollicite la protection de la France pour un autre motif.

Curieusement, les chiens ne sont pas cités dans les priorités constitutionnelles. Ce n'est pas que les combats en faveur des animaux soient blâmables ou inutiles, mais il est des situations et des contextes où, peut-être, les efforts et les moyens de la société civile gagneraient à ne pas laisser aboyer les chiens quand la caravane des réfugiés passe, à l'image de ceux qui tentent d'incarner comme ils le peuvent le droit d'asile. Il y a Singa et son programme CALM de mise en relation des réfugiés avec des propositions d'hébergement ; il y a Terre d'Asile France, cherchant à maintenir et à développer l'une des plus anciennes traditions françaises, celle de l'asile ; et d'autres mobilisés pour offrir le plus beau des cadeaux : un accueil.

 

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