La réforme de l'orthographe devrait permettre d'occuper le débat national jusqu'à la présidentielle

Encore au conditionnel est une chronique hebdomadaire à prendre au conditionnel.

Le calendrier est maintenant bouclé jusqu'à la fin de l'hiver  2017. La direction du parti socialiste et l'entourage de M. Hollande seraient parvenus à s'entendre sur un programme afin de divertir le camp adverse. La querelle qui sera proposée à la droite soupe au lait porte sur un sujet audacieux, voire scabreux. Il touche à l'identité de la nation: l'orthographe et sa réforme. Et comme pour le mariage homosexuel, l'aile chatouilleuse de LR est bien décidée à réagir avec force et à jeter Versailles et Compiègne dans les rues au besoin. Madame Vallaud-Belkacem pourrait être sacrifiée au cours de la campagne qui a débuté par une escarmouche cette semaine.

Mais les choses sérieuses ne devraient commencer que début mars avec une étude de Terra Nova sur l'emploi du subjonctif et le niveau social. En mai, les Jeunes socialistes pourraient quant à eux lancer un charivari contre l'accent circonflexe.  En septembre, ce sont des féministes proches du pouvoir qui s'attaqueront à la question délétère du genre grammatical. Les contre-attaques de LR sont déjà à l'étude, d'autant plus que l'entourage de Nicolas Sarkozy craint que l'ancien président ne soit rebuté par la technicité du débat et que MM. Juppé et Lemaire, agrégés de lettres, ne soient avantagés.

Mais c'est le Front national qui est aussi visé. Jean-Marie Le Pen, qui avait l’habitude de sortir des imparfaits du subjonctif comme une matrone sort son argenterie le dimanche, a laissé dans ce domaine un héritage malcommode à sa fille. Or si le parti de nidroitenigauche esquivait encore un débat qui passionne les Français, il risquerait de perdre en présence médiatique.

On reconnaît là toute l'habileté tacticienne du maître de l'Elysée.