La sécurité, vraiment super, vraiment ?

Attentifs ensemble. Le climat se tend. Les voyageurs souhaitant voyager devront se soumettre aux palpations de sécurité décidées par les agents de sécurité de la SNCF et de la RATP, qui pourront également fouiller les bagages. Présentés le 19 octobre 2015 par le Comité National de la Sécurité dans les Transports en Commun (CNSTC), les moyens de la stratégie de lutte contre les atteintes graves à la sécurité publique et la fraude dans les transports en commun élargissent les prérogatives des agents de sécurité des deux établissements, jusqu'à potentiellement les doter d'armes à feu sous la responsabilité de l'autorité préfectorale.

Dans son ouvrage Attentifs ensemble, l'auteur Jérôme Thorel analyse les dangers d'un capitalisme policier déléguant à des logiques privées la sécurité publique, et décrypte cette injonction au bonheur sécuritaire :

Le principal modus operandi de cet ordre sécuritaire consiste à nous impliquer en permanence dans la sécurisation de nos existences, tout en faisant de chacun de nous, selon une logique « proactive », des coupables en puissance. Ainsi sommes-nous sommés de tout dévoiler, y compris les éléments les plus intimes de notre vie (...).

Personne n'ayant envie de mourir attaqué dans un train ou dans un métro, rien ne semble entraver les ambitions sécuritaires, toujours justifiées par la violence des circonstances. Dès lors, sans la moindre concertation citoyenne, s'imposent de nouvelles mesures qui malmènent quelque peu les principes de la devise de la République, Liberté, Égalité, Fraternité.

Liberté de se soumettre à une palpation et à une fouille contre un voyage. Égalité de contrôles menés par les humeurs des agents de sécurité. Fraternité d'être tous suspects. Des mécontents ? En cas de contestations, la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT) reste à l'écoute.

Bon voyage !

par