L'Europe à travers le miroir

Encore au conditionnel est une chronique hebdomadaire à prendre au conditionnel.

Jo Cox, une femme au nom de garçon, s'est fait tirer au pigeon et poignarder par un trois de pique qui aurait crié « Vive le thé! Hourra pour le boulingrin! » afin d'expliquer son geste et de méduser le public. La veille encore, Mrs Cox naviguait sur la Tamise et encourageait le courant par un chant, « Remain! Remain! ». Dans l’autre sens, une flottille de pêcheurs cornaient « Leave! Leave ! » au-dessus de l'onde, ce qui a peut-être troublé le snark qui ne s'est pas montré, sans qu’il soit possible de l’affirmer. Le snark, rappelons-le, mange pour trois cent cinquante millions par semaine à l’hôpital de la Couronne. Quoiqu'il en soit, peu après la condamnation à mort et l'exécution de cette charmante jeune femme (ces trois mots n'étant pas étrangers à son sort), la Reine-qui-a-avalé-son-sifflet aurait déclaré : « Un joyeux non-anniversaire à Jo! »
C'est que Jo n'était pas n'importe quelle carte et sa disparition ne va rien changer au jeu.
Pour y voir plus clair, les journaux ont fait paraître le lendemain l'édition subséquente. Les sujets de la Reine ainsi informés ont pu sanctionner en connaissance de cause la non-intuition des conseillers et des banquiers du royaume. (Lesquels tremblent désormais dans un tunnel où courent des renards français la rage au museau.) Jo, quant à elle, a passé sa première semaine sous le boulingrin alors que la doctrine dormait dans son presbytère et que l’archevêque de Cantorbéry courait dans le tunnel avec sa maîtresse, une belle Polonaise.