Mystérieuse attaque contre le métro de Rennes

Encore au conditionnel est une chronique hebdomadaire à prendre au conditionnel.

Les 87 209 débits de boisson de l'agglomération rennaise ne semblent bruire que d'une seule conversation ce matin de jeudi : l'attaque organisée contre le métro de la ville.

Ici, l'apéritif tombe plus tôt qu'ailleurs en raison du décalage entre les heures solaire, officielle et longitudinale. Il est donc midi à 8h. Et dans les troquets, Rennes s'inquiète, Rennes s'interroge, Rennes se trouble.

Quelques heures auparavant, une vingtaine d'individus masqués ont au cours d’une action concertée détruit les composteurs de plusieurs stations du métro. Les saboteurs ont injecté de la mousse expansive dans les fentes des machines. En parallèle à cette opération minutée, une autre opération, mais de police, visait à les alpaguer dans un mouvement lui aussi minuté. Ce fut horloge contre horloge, temps révolutionnaire contre horaires de police et dans ce premier acte, la République a gagné.

Désormais, et en attendant les fuites de l'instruction, il faut bien causer de l'affaire. L'extrême-gauche est soupçonnée, bien que la cible ait été le service public. Au « Vil Glaz », non loin de la célèbre rue de la Soif, Marie-Soizic et Jakez hésitent à évoquer devant un étranger ce que tout le monde murmure. Comme l’incendie du parlement de Bretagne, comme le quadrille des bonnets rouges ou les esprits casseurs de Nantes, l’attaque du métro serait le résultat d’une intervention de l’autre monde. Les vingt saboteurs auraient été les jouets de forces obscures et très actives dans le pays. Les soupçons ne se portent pas sur le fantôme de Cadoudal, chouan guillotiné il y a 212 ans, auquel on prête beaucoup. Non, le côté grotesque de l’affaire porte la marque des korrigans souvent à l’origine de comportements collectifs étranges. Les petits êtres cohabiteraient mal avec le métro qui a envahi leur royaume souterrain. Ce serait un avertissement que les juges d’instruction ont ignoré en mettant en examen les saboteurs. Un excès de rationalisme républicain ?