Pendant les négociations, le public regarde fondre la banquise

L'art peut se révéler ingrat avec ses créateurs. Ainsi, l'œuvre d'Olafur Eliasson, Ice Watch, une montre de glace métaphorique amenée à fondre le temps des négociations de la COP21, porte aussi le nom d'une véritable marque de montre, Ice-Watch, pas vraiment impliquée par les enjeux climatiques malgré une devise qui pourrait s'appliquer au contexte des négociations : Change, you can !

L'œuvre, inaugurée place du Panthéon, à Paris, jeudi 3 décembre 2015, sera selon les annonces officielles douze blocs de glace monumentaux, collectés alors qu’ils flottaient dans un fjord dans le Groenland. D’un volume total de près de 100 tonnes – ce qui équivaut au volume de glace qui fond chaque centième de seconde dans le monde –, ils seront disposés en cercle, de façon à suggérer le cadran d’une horloge.

Les montres, elles, sont fabriquées en Chine, à partir de plastique et de silicone, dans la province de Shenzhen, des montres à l'empreinte carbone élevée, des montres voyageuses, distribuées dans plus de 85 pays et qui se placent parmi les meilleures ventes mondiales.

Mais pas d'inquiétude, le public sera tout de même invité à regarder fondre la glace, à profiter de cet édifiant spectacle, du 3 au 12 décembre, en méditant sur la dépense énergétique du transport des 80 tonnes de glace dans des containers réfrigérés, de Nuuk à Paris, compensée peut-être par une prise de conscience supplémentaire des badauds de la place du Panthéon.

Un beau moment en perspective.

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