C'est toujours à huis clos que l'Europe et les États-Unis poursuivent les négociations d'un accord commercial trans-atlantique ou Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA), débutées en juin 2013 et rebaptisées partenariat transatlantique de commerce et d'investissement ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP). L'ambition de cet accord, proche de l'Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI) abandonné en 1998, est de créer un marché de 820 millions de consommateurs en modifiant la réglementation et les tarifs douaniers entre le marché intérieur de l'Union européenne et celui des États-Unis. Mais le secret des négociations menées depuis plusieurs années par des fonctionnaires de l'Europe non élus ne manque pas de mobiliser une partie de la société civile, notamment l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) auto-organisée, une alliance de plus de 480 organisations européennes déjà soutenue par 2,6 millions de signataires. Une de leurs craintes est de voir les normes européennes (sanitaires, sociales, environnementales) malmenées par une vision trop libérale du commerce et de ses règles. Faute de texte pour suivre les débats et se faire une idée, WikiLeaks promet le 11 août 2015 une récompense de 100.000 euros à celui qui permettra à tous les citoyens européens d'accéder aux détails des tractations en cours.
Pour Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, le secret du TTIP jette une ombre sur l'avenir de la démocratie européenne. Sous cette couverture, les intérêts particuliers sont déchaînés. Bien que l'on ne connaisse pas grand chose de la situation, sinon l'importance de l'enjeu et la traduction - officieuse - du texte définitif du mandat de négociation confié à la Commission européenne, la récompense offerte et dotée par des garants tels que l'ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, la styliste Vivienne Westwood, le journaliste américain Glenn Greenwald, et d'autres, dans un style Far West probablement proche de l'ambiance du contexte de la négociation, nous alerte sur les méthodes de cow-boys employés. Le mandat confié par les États à la Commission paraît fort éloigné de l'esprit de la Constitution à l'origine de l'Union européenne, inspirée par la volonté des citoyens et des États d'Europe de bâtir leur avenir commun. Un avenir commun bâti en commun ?
Le sentiment est que, pour l'instant, seuls les chasseurs de primes y trouveront leur compte.